Cette nuit il a bien plu. Ma tente a tenu et est définitivement bien étanche avec les quelques "rustines" qu'avait mises mon frère. Le temps est menaçant, je m'empresse de plier le matériel.

Maintenant que faire ? La vélo-route étant plus loin soit je fais un détour (tant pis le suivi des méandres), soit je sorts de nouveau le PackRaft (mais ce matin le vent est de retour) soit je me la joue plus audacieux en essayant de faire du bateau-stop. Je suis joueur !

Je retourne donc à l'écluse d'hier à vélo. Là je tombe sur Thierry, éclusier VNF. Impeccable ! Je lui demande si c'est Laurent (l'éclusier avec qui j'ai discuté hier) qui est dans la tour de pilotage. Celui-ci me répond que non et que c'est sa collègue Roseline. Je lui demande ainsi s'il y aurait moyen de visiter cette fameuse tour (je suis curieux). Ce dernier demande donc à sa collègue de descendre. Je lui raconte donc mon passage ici hier et mon expédition. Je lui demande déjà si je peux faire du bateau-stop, ce qu'elle ne me refuse pas. Génial je suis enchanté ! Ensuite plus culotté, je lui demande s'il y aurait moyen de monter dans la tour de contrôle qui m'intrigue beaucoup. D'une grande gentillesse, Roseline accepte. Thierry me fait remarquer qu'elle vient de tout nettoyer. Comme je suis quelque peu sale au bout de ces 6j, je quitte mes chaussures et tente de ne toucher à rien de peur de salir. Ça y est je suis dedans ! C'est excellent on se croirait dans une tour de contrôle d'un aéroport. 4 écrans sont présents permettant de contrôler toute cette machinerie. Ici on peut piloter les portes de l'écluse mais aussi le barrage en amont pour gérer la hauteur de l'eau. Je suis très impressionné et bombarde de question les 2 éclusiers qui sont enchantés de me répondre. Ces derniers m'offrent même le café, je suis comblé ! J'assiste au passage de deux bateaux remontant la Saône (dommage c'est pas pour moi). Environ un quart d'heure plus tard, entre de nombreuses discussions fort intéressantes, j'aperçois au loin un bateau de plaisancier qui descend ! Une aubaine ! 

Après avoir pris une photo ensemble et remercié mes 2 adorables éclusiers, je descends de la tour et m'approche du canal pour aller à la rencontre de ces plaisanciers entrés tout juste dans l'écluse. Je leur raconte ce que je cherche à faire et si je pourrais avoir l'honneur de voyager avec eux et ce, jusqu'à la ville suivante afin de reprendre la vélo-route. A bord ce sont 2 couples de retraités (ou presque.. hein mon capitaine ?) et Serge en est le capitaine. C'est donc vers lui que je me tourne. Serge me dit qu'ils ne vont pas loin, seulement au village suivant mais que c'est d'accord. J'en saute de joie et le remercie grandement ! Je fais un signe de victoire à mes deux camarades dans la tour de contrôle qui m'observait. Le vélo et le sac chargé, je descends sur le bateau de Serge et Nadine (sa femme). On fait les présentations. Laurent et Josiane sont le couple d'amis de Serge et Nadine. Ils ont également pris le départ de Haute-Saône, de Corre exactement ! Cela fait déjà 8j qu'ils descendent. Avec des tronçons de 30Km, on se suivait quasiment.

C'est à partir de ce moment-là que le temps s'est accéléré. 7km durant lesquels, nous avons échangé nos aventures, avons partagé des expériences...nous nous sommes apprivoisés si je puis dire. Serge m'a montré et expliqué la carte de navigation. Très content d'être sur un bateau et d'apprendre quelques trucs, j'ai une pensée pour grand-père. Il était marin et capitaine sur un démineur. Ce moment m'a lié à lui grâce à Serge, c'était beau.

Arrivé à Verdun-sur-le-Doubs, pour midi environ, nous nous amarrons au quai. Le village est magnifique. 

Comme l'instant est très convivial et agrémenté de longues et précieuses discussions, je suis invité à manger une pizza à bord !! Une pizza ?! Olala j'en bavais hier à cause des copains du village qui se faisait ça et qui m'avait envoyé une photo. Et là c'est moi qui en mange une...je suis aux anges ! Merci ! Je soupçonne Nadine et Josiane partit faire une petite course pendant que nous discutions à quai, d'avoir acheté cela pour me convier à leur table (est ce vrai mesdames ?). Nadine est une femme adorable, la mousse sur le navire (comme elle me l'a précisé). Serge et Nadine nous quittent pour une excursion entre amis qu'ils ont prévue avec des copains en mobylette (ils me font rêver !). Un lien avec Serge s'est créé, lui qui m'a dit que j'étais, je cite, "son rayon de soleil de la journée"...m'a beaucoup touché et je suis sûr que nous allons nous revoir. Les aurevoirs sont chaleureux et je les remercie encore beaucoup pour ce trajet et surtout cette belle rencontre. Je communique mon numéro à Nadine pour avoir une photo de leur road trip en mobylette. 

Je reste encore un petit moment avec Laurent et Josiane. Laurent est une personne exceptionnelle : artiste, écrivain, concepteur de site internet, musicien,...et j'en passe. Un homme aux dizaines de métiers. Josiane, très gentille, est d'une grande douceur. La randonnée et la nature l'animent.

Après m'avoir donné quelques victuailles pour la suite de mon périple, Laurent m'aide à décharger mon lourd chargement. Je les remercie pour ce beau moment passé ensemble et d'un aurevoir je prends la route avec mon vélo.

A Verdun-sur-le-Doubs la Saône et le Doubs se rejoignent. A partir d'ici ce n'est plus la petite Saône (comme il l'aurait fallu l'appeler) mais c'est la Saône (ou grande Saône). Ici la voie bleu passe (vélo-route longeant la Saône puis le Rhône), c'est parfait.

Objectif Chalon-sur-Saône. Après 3 jours de rames le vélo fait plaisir ! Comme cette voie bleue ne suis pas tous les méandres de la Saône, je décide quelques fois de suivre les chemins de halage. Comment vous dire qu'avec un vélo de course ce n'est pas l'idéal... Mon arrière-train va vite subir la distance de ces parcours tout terrain ! Je passe dans Chalon où je découvre une très belle ville. Le temps est menaçant, je me dépêche de continuer. Suivant les chemins de halage, me voici dans un cul-de-sac au Sud de Chalon. Un pont est en réparation... Je repars en arrière pour trouver un autre passage. A partir de ce niveau, les berges sont classés protégé. C'est-à-dire pas de camping, ni feu, ni dépôt de déchets (évidemment !). Ça ne m'arrange pas. Je décide tout de même d'avancer, je n'ai pas trop le choix vu l'heure et le temps qui se gâte. Je constate finalement qu'il y a pas mal de pêcheurs établissant leur campement pour la nuit. J'en ferai donc de même. Dans une zone dégagée, repère de pêcheur, je pose enfin mon lourd sac. Mon postérieur me remercie. 

Après environ 45km de vélo dans une bonne crasse, je décide, une fois mon campement fait, de me laver dans la Saône. Prenant mon courage à 2 mains, me voici dans l'eau armé d'un savon. 

Me voici propre et prêt à reprendre des forces. Ce soir, pas de lyophilisé ce coup-ci mais un taboulé à la provençale.

Au loin l'orage gronde, peut être une deuxième nuit sous l'orage.