Pour une fois je pars plus tôt. George étant déjà à quai avec mon compagnon Jojo, c'est déjà plus rapide. Un simple petit bouche à bouche avec George est nécessaire pour le regonfler un peu.

De ma position, il me reste encore 1 méandre avant d'atteindre le canal fluvial au niveau de Seurre. Ce matin l'eau est d'huile. Pas une brise de vent. C'est calme. Un peu trop ?!

Avant d'arriver à Seurre, je contemple quelques belles bâtisses. A Pouilly-sur-Saone, je découvre même une magnifique maison de maître entourée de ces 2 donjons dominant la Saône.

Me voici à Seurre, un imposant bâtiment surplombe la Saône tel un phare. Un peu plus loin un grand pont orné d'une dizaine de drapeaux traverse la Saône. Et sur l'autre rive une magnifique bâtisse datant, d'après ce qui est gravée dessus, de MDCCCCXII (pour ceux qui se souviennent des chiffres Romains).

A partir de ce pont, la partie s'inverse. Un vent s'est levé... et ce coup-ci en face de moi (je me disais bien que c'était trop facile) ! Quand on se trouve sur un bateau avec peu de tirant d'eau, c'est comme une plume sur l'eau...ça se déplace au gré du vent. Misère ! 

Au bout de 500m, usé, je m'accroche à une branche d'arbre pour me reposer et éviter que le vent ne me fasse reculer. Une fois quelques fruits secs avalés, je repars au combat. Un peu plus loin, j'accoste mon navire à la berge et me pose dans le champ de maïs coupé. En guise de pause et parce que c'était prévu dans mon agenda, je fais une visio pour être formé au statut de "Comet leader" chez "Time for the Planet". Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes là ?

Pour ceux qui me connaissent bien, vous savez que cela fait plus d'un an et demi que j'ai mis le pied chez Time for the Planet en y menant quelques actions. Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle, et pour faire simple, Time for the Planet est une entreprise à impact qui grâce à un mouvement eco citoyen et une belle intelligence collective, détecte et finance des innovations pour lutter contre les gaz à effet de serre (GES). Je vous invite à aller faire un tour sur le web pour plus de précisions.

Afin de s'impliquer plus amplement dans ce mouvement, des formations sont nécessaires. C'est une de celles-ci que j'ai donc suivie durant 1h, dans un champ de maïs, avec Nicolas un des cofondateurs de Time for the Planet (étonné et amusé de ma situation). 

Une fois terminé, c'est reparti ! Il me reste de la route, moi qui m'étais fixé de faire facilement 20Km, j'affiche seulement 11km après 3h de rame (sympa le vent)...

Je tente d'accélérer la cadence mais le vent est toujours là. Je longe les berges pour éviter une trop grande prise au vent.

A un moment où je me dis qu'il n'y a pas grand mouvement sur cette Saône, un énorme bateau sort d'un méandre en face de moi. Qui dit gros bateau dit grosses vagues !! Me voici à surfer sur quelques-unes d'entre elles. Le tout est de bien les prendre de face et non de côté pour éviter de chavirer. Derrière ce passage massif, c'est une eau agitée de vagues que l'on hérite pendant un bon bout de temps. 

Un peu plus loin mes yeux tombent sur le panneau PK 180. Ce qui se traduit par "il reste encore 180Km de Saône à parcourir". Facile ! J'ai hâte de voir le panneau du Rhône et le chiffre associé.

Quelques kilomètres plus tard, le bonhomme complément rincé, se trouve nez à nez avec le barrage de Charnay-lès-Chalon et aucun moyen de débarquer avant (les berges sont bien trop hautes). Arg, stupeur. Le seul moyen est de prendre le canal fluvial donnant sur l'écluse. Après un bon zoom sur Google Maps j'aperçois une zone de débarquement, génial ! Je reprends mon courage à 2 mains et rame encore 1 kilomètre pour arriver devant les monstrueuses portes de l'écluse. Juste avant celles-ci la petite zone est là, ouf !

Repliage du matos et me voici parti à vélo pour trouver un endroit pour se poser. C'est là qu'un monsieur des Voies Navigables de France (VNF) m'interpelle. Celui-ci m'a vu sur ses caméras de surveillance. Très sympathique, il me demande ce que je fais et où je vais avec tout ça sur le dos. Très intrigué, nous papotons pendant un bon bout de temps. La discussion se finit en parlant d'écologie et de sa stupeur d'abandonner petit à petit le transport par voie fluviale. Je suis bien d'accord avec lui. 

Le temps se gâtant, je rejoins à vélo le petit village et trouve une zone de pleine air pour les pêcheurs. Je demande aux 2 pêcheurs sur place si je peux sortir ma tente ici. Ceux-ci n'en voient pas l'inconvénient. Cherchant l'endroit idéal, je m'aperçois qu'une personne m'observe dans la maison toute proche. Ainsi pour ne pas qu'il y ait de complications je décide d'aller sonner à cette habitation. J'explique ma situation et leur demande si ça ne les dérange pas si je mets la tente à côté de chez eux pour cette nuit. La dame ayant constaté ma transparence et ma bonne foi, me dit que non et me donne même une bouteille d'eau et des tomates de son jardin ... Adorable ! Belle leçon de vie. Si on s'ouvre à l'autre avec toute franchise, on a de fortes chances d'être bien reçu. 

Je monte vite fait mon campement et me prépare le dîner de ce soir (j'ai une dalle !). Les 2 pêcheurs ayant quitté les lieux, je prends leur place sur le ponton où se trouve une table de pique-nique. Avec des tomates, de l'eau et mon plat lyophilisé, je reprends des forces et souffle enfin de ma journée. Ces 18km ont été rudes !

Le temps se couvre, l'orage arrive. Il se peut que cette nuit soit agitée.