Je suis réveillé (trop) tôt par le balai de plusieurs péniches.

A chaque vague j'appréhende pour mon Mékong... Mais j'attends qu'il fasse jour pour aller voir et remettre mon embarcation d'aplomb.

Vers 8h je quitte ma tente et constate que mon George est encore là mais dans un sale état. Il a récolté pas mal d'eau et Jojo est couché sur le côté. Je croise les doigts pour que le plastique du Mékong ne soit pas endommagé car les berges ont des cailloux assez tranchants. J'enlève le vélo et retourne le PackRaft pour le vider et l'inspecter. Ouf tout va bien ! Je remets donc d'aplomb tout le matos.

Je petit déjeune avec le reste de mes provisions (il était temps d'arriver).

Je ne l'avais pas constaté hier soir, vu le peu de luminosité, mais ici je suis entouré de cannes à sucre. Ce sont de grandes tiges qui s'apparentent à du jonc mais qui peuvent faire 6m de haut. On les exploite pour en faire du sucre après broyage des tiges et évaporation du jus récolté.

Je prends soin de ranger mes affaires, c'est la dernière fois durant cette expédition que je fais cette manœuvre.

J'ai un sentiment assez hybride ce matin. Je suis content d'achever ce long chemin et de pouvoir revoir ma famille, mes proches, mes amis...et de l'autre j'ai une amertume de quitter ce lieu aquatique, magique et très nature.

Chaque bonne chose a une fin et toute chose en créé d'autres.

J'embarque enfin, prêt à achever ces 20km qu'il me reste !

Le temps est idéal pour terminer. Le soleil est prévu pour toute la journée et un simple petit vent est annoncé en fin d'après-midi.

L'eau est vraiment très calme et reflète encore tous ces beaux brocolis (les Trembles). Peu à peu ce sont en grande partie les cannes à sucre qui gagnent les berges.

Plus loin j'assiste à un balai de barges qui transportent d'une rive à l'autre des voitures et des camions. Je passe à travers.

On commence à sentir l'iode dans l'air. Et en parlant de sel, je découvre un peu plus loin une industrie de sel avec ses grands tas de grain blanc. La mer n'est pas loin.

Ça y est j'arrive sur Port-Saint-Louis après 10km de pagaie. En arrivant dans le petit port Abri, seul lieu où il y a une rampe, j'ai la joie de voir, garé en face de moi, la roulotte de mon pote Nico ! Il m'attendait.

Je suis super content de le voir.

Il m'invite à manger un morceau avant de repartir. C'est donc durant 2h que nous papotons une bière à la main et une super assiette bien garnie dans l'autre. C'est un régal, ça fait longtemps que je n'ai pas mangé de légumes !

Prochain arrêt ce coup-ci la plage de Napoléon, en bord de mer ! On s'y donne rendez-vous. Nico part m'attendre là-bas.

En pleine forme et prêt à rencontrer la mer, je repars de plus bel. Le vent se lève un peu, il vient de l'Ouest. Il me fait parvenir l'odeur du sel, du poisson et des algues. Un doux parfum que j'ai longtemps voulu humer.

Sur les 8km qui me séparent de la mer, je me confronte à quelques vagues dues au vent. Le paysage change, les berges sont de moins en moins hautes et ce n'est plus que de petits buissons qui arborent les côtes. Ça y est je vois que les berges donnent sur un horizon infini !

Encore quelques centaines de coups de pagaies et me voici enfin à l'embouchure du Rhône donnant sur une vaste Méditerranée !

Premier réflexe, goûter l'eau en trempant mon doigt dans l'eau pour vérifier que celle-ci soit bien salée. Je confirme, je suis bien sur la mer !

Je suis émerveillé de l'étendue de cette mer qui affiche un horizon infini sans repère. Moi qui sur la Saône et le Rhône avais toujours en visuel les berges, ici c'est juste déroutant de ne pas pouvoir fixer son regard sur quelque chose. Je me sens tout petit dans cette vaste eau bleue.

Je viens enfin d'atteindre le but de mon expédition, et j'ai encore du mal à réaliser.

Nico est venu me rejoindre sur la plage, il endossera le statut de photographe pour immortaliser ces moments où un mec, son kayak gonflable et son vélo ont parcouru au final 690km de la source à cette mer. Au final, c'est 425km de PackRaft, 243km de vélo et enfin 28km de marche pour atteindre l'objectif.

Le soleil se couche. Un coucher de soleil tel que je l'imaginais il y a pas mal de jour et qui enfin se réalise. C'est parfait et j'en suis heureux.

Je repense à tous ces kilomètres, les quelques galères, les moments magiques, les rencontres et cette nature.. c'est incroyable.

Pour y parvenir, c'est la combinaison de beaucoup d'éléments, d'événements et de rencontres. Ainsi je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont croisé mon chemin, m'ont tendu la main et m'ont soutenu.

Je remercie aussi ma femme Cyrielle qui a pu me donner l'idée de cette expédition mais surtout le temps pour réaliser cette expédition. Sans elle rien n'aurait été possible. Merci ma n'amour. Tu es une femme en or !