Depuis mon arrivée sur la plage Napoléon, pas loin de Port-Saint-Louis le mercredi 12 octobre, je suis avec Nico. Nico est skipper depuis pas mal d'années à St-Barthelemy dans les Caraïbes. Il m'avait sollicité lors du deuxième confinement du Covid pour trouver un lieu de bricolage afin d'aménager sa roulotte. C'est comme ça que durant près de 4 mois nous avons partagé plein de bons moments entre bricolage et sport à la maison créant ainsi un super lien.

Ce petit temps de transition en attendant de prendre mon train a été pas mal étoffé. Le jeudi on a fait une rando dans les calanques de Cassis et on s'est fait le luxe de se baigner. Le soir même, nous avons partagé un repas chez des amis de Nico sur Marseille.

Le vendredi on a posé la roulotte à la pointe rouge de Marseille puis on a prospecté tous les centres nautiques pour louer un petit bateau. Chose non simple car en plus d'être 2 dont 1 amateur en voile (moi-même) le vent a décidé de souffler cet après-midi. C'est limite pour le genre d'embarcation qu'on aimerait prendre. Au bout d'une heure et 4 centres ayant non souhaité nous louer quelque chose, nous sommes quelque peu dépités. On décide alors de jouer tous nos atouts. Nico a son diplôme de Capitaine 200 et moi c'est la phase finale de mon expédition. Depuis les premières demandes on est en mode touriste, on va changer de technique. Il nous reste plus qu'un centre nautique.

C'est avec notre plus bel art oratoire que nous faisons notre demande à la secrétaire du centre. Elle nous appelle Rudy qui en est aux commandes. De plus belle et avec un max de bonnes ondes, on lui pitch notre désir de naviguer malgré le vent qui se lève. Rudy est un homme d'une cinquantaine d'années marqué par la mer mais d'une grande gentillesse. Il nous questionne sur nos expériences dans la voile (heureusement que Nico a une grande expérience) et s'intéresse à mon expédition. Il connaît des jeunes qui ont récemment fait un trip avec un petit bateau durant 24h non-stop, dont il retient toute son admiration. Ça match avec mon expédition !

Il nous accorde 1h de voile cet après-midi sur un monocoque à 2 voiles de type 420. Sous condition que le vent ne dépasse pas les 20-23 nœuds...

On est super content !! On remercie chaleureusement Rudy et on file manger un morceau avant d'attaquer.

13h45 on est prêt, on enfile une combinaison et on s'attèle à sortir le bateau. Nico trépigne d'impatience, et moi je suis partagé entre excitation et appréhension (le vent souffle).

Rudy part avec nous pour contrôler également une équipe de petits bateaux écoles. Nous prenons enfin le large après que Nico m'ait précisé ma mission sur le bateau. Je dois gérer le foc, petite voile de devant, et faire le contre balancier de la gîte du bateau. Nico lui, gère la barre et la grande voile. Let's go on est chaud !

Ce sont de sacrées sensations, le bateau étant très léger, chaque rafale de vent couche le bateau, il faut toujours compenser. C'est impressionnant la vitesse que l'on prend. On surf sur les vagues qui deviennent de plus en plus grosses. On est fin fou ! On en crie de joie devant l’œil intrigué des autres petits bateaux écoles. Rudy a vu que les Franc-Comtois géraient la voile du coup il nous laisse naviguer durant 1h45. 

Le vent commence à sérieusement souffler, on ne doit pas être loin des 23 nœuds ce qui en fait une navigation sportive. Les creux atteignent quasiment 2m et les rafales de vent nous compliquent la tâche pour garder le bateau vertical. Je suis tendu sur le câble du mât non-stop et penché en arrière pour contrebalancer le navire. C'est du sport ! Nico est à fond, il adore ces sensations fortes. Perso, malgré la joie de naviguer, je commence à être rincé (dans tous les sens du terme) et à redouter l'énergie de la mer...

Nous rentrons exténués ! 

Les autres voileux ont bien rigolé de notre énergie débordante et ont été impressionnés de notre navigation. Rudy n'a pas été déçu de nous avoir laissé le bateau, il est content de nous avoir fait plaisir. Nous le remercions encore une fois pour sa confiance ! 

Nous allons trinquer à mon baptême de voile qui m'a enchanté. 

Le soir on se rend au centre de Marseille à vélo pour un apéro dinatoire avec une pote de Nico qui nous fait visiter quelques petits coins sympas de Marseille. Nous rentrons tardivement après avoir esquivé de nombreux dangers...cette ville est périlleuse. D'ailleurs pas loin de rejoindre la roulotte, je me prends une barrière que je n'avais pas vue, qui me fait littéralement voler à l'horizontale.. le vélo me laissant sur place. Ouch, pas plus de mal que ça. Les dangers sont beaucoup plus présent en ville qu'en pleine nature...

Le lendemain, samedi veille du départ, nous stagnons le matin, rincés de notre journée d'hier. L'après-midi on se rend à La Ciotat en roulotte. On se fait une partie de la côte en vélo et skate (je traque Nico) pour visiter les lieux. Pour se réveiller, on se fait un plongeon dans la mer.

Le soir on invite quelques connaissances de Nico qu'il fallait que je rencontre. Un couple, Willem et Hélène, qui travaille au gros chantier naval de La Ciotat. Et enfin Éric, à son compte dans les chantiers navals, qui est un grand aventurier de la voile. Il est en quelque sorte le mentor de Nico. Il a fait le tour du monde avec son bateau et a fait d'innombrables voyages en voile. C'est une mine d'or d'expériences de la vie et une grande source d'inspiration. C'est ainsi que dans la roulotte, nous partageons le repas que nous avions préparé avec Nico et que nous passons un merveilleux moment. 

Lendemain 6h30, on décolle. La mission est de rejoindre la gare de Marseille et surtout de trouver de l'essence.. en cette période c'est une sacrée mission et il faut prendre son mal en patience vu la queue qu'il y a aux stations services. 

A 8h45, Nico me dépose à la gare. Dans 1h mon train est prévu. Je trouve dans la gare un piano, génial. Du coup je prends plaisir à pianoter dans cette gare qui grouille de gens. 

C'est l'heure, je rentre dans le TGV avec mon vélo et mon gros sac. C'est un peu sportif. Une petite zone dans un compartiment est prévue pour les vélos. Une personne a déjà entreposé son vélo. C'est mon voisin, Alexandre. Ainsi pendant la moitié du trajet nous discutons de nos expéditions respectives, c'est très sympa. 

Lui a fait 1300km en vélo de Mulhouse à Marseille. Nous dérivons sur le sujet écologique dont le débat est très sympa.

C'est drôle comme les quasi 700km que j'ai parcouru en 25j sont parcouru en l'espace de 4h en TGV... 

Arrivée à la gare d'Auxon, j'enfourche mon vélo pour effectuer les derniers 23km qu'il me reste pour rentrer chez moi. C'est la dernière ligne droite. 

A comparé des berges, la Haute-Saone est bien vallonnée. C'est au bout d'une heure que j'arrive enfin.

Les premières retrouvailles sont avec mon chien Laïka, contente de me voir elle me laboure de joie.

Je passe ensuite le seuil de ma porte où ma fille Lily me saute dans les bras. Mon deuxième, Owen, étant à la sieste c'est à son réveil que j'aurais le droit au même accueille. Les retrouvailles sont chaleureuses et pleines d'amour. Il faut se apprivoiser, c'est rigolo comme sensation.

Le soir, pour me faire une surprise, ma femme a convié tous les copains présents à mon départ. C'est ainsi qu'on se retrouve tous ensemble à la maison pour trinquer autour de quelques pizza. Ça me fait super plaisir de revoir tout ce petit monde. 

Ça y est la boucle est bouclée.