En sortant la tête de la tente, je découvre un temps couvert et du vent. Qu'est-ce que c'est que cette météo ? Hier celle-ci me précisait un beau temps sans vent. L'arnaque !

Qui dit vent, dit énergie à revendre (eh oui ce dernier vient du Sud, mince) !

Au petit déj' je charge donc la dose.

Dans un élan de motivation, je prends le large et navigue aussi proche que je peux des berges. L'inconvénient de cette approche est le fond qui est parfois mince et puis les arbres dans l'eau qui gênent le passage. Parfois je rentre entre des îlots de plantes pour me reposer à l'abri du vent. Au vu du coup de pagaie que je dois donner et du courant initial du Rhône (~2Km/h), le vent doit être d'environ 10Km/h.

Au bout de 3h à galérer, je n'ai fait que 10km...je me pose près du port de plaisance de Cruas en ayant espérant qu'un point d'eau soit présent. Pas question de me laisser abattre, il me faut de l'énergie pour continuer. C'est une première le midi, je me fais un lyophilisé. En général je me prends une barre de céréale et quelques fruits secs. Comme j'ai encore de quoi faire jusqu'au bout et même un peu plus, je vais en profiter. Les lyophilisés sont très pratique mais encore faut-il avoir de l'eau..eh oui ! Et ici sur un Rhône qui tend vers les égouts (je caricature mais c'est presque ça), je ne prends pas le risque de la boire même avec mon filtre.

Fort heureusement, il y a bien un point d'eau. Tant mieux car ce matin j'ai terminé la dernière goutte d'eau qu'il me restait.

Me voici donc à "cuisiner" et à manger un petit pois oignon patate sur la zone d'embarcation. Une dame prenant sa pause de midi, vient discuter un moment avec moi pour connaître la raison de mon embarcation.

Une fois ces 450K calories ingérées, je rattaque !

Je passe devant la centrale nucléaire de Cruas. Apparemment un seul réacteur est en activité. Je tente de rester à distance car pas mal d'indications font comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus aux abords de la centrale.

A ce niveau, le Rhône est vraiment très large ce qui amplifie l'impact du vent. Je lutte pour retourner près de la berge et me fais une halte. 1h pour 3km...

Une dose de fruit sec plus tard, je me relance dans la bataille. A partir d'ici et le long de la berge sont présents plein de troncs d'arbres et algues. Je suis obligé de slalomer. Quelques fois je m'échoue sur un tronc. Aïe, surtout ne pas fissurer le PackRaft !!! 500m plus loin, j'ai de nouveau besoin d'une pause. Je regarde mon avancée.. ridicule. La vélo-route est juste au dessus de la berge. C'est ma solution de replie. Je consulte la carte et note que le barrage est encore à 2km. J'hésite puis repars un coup affronter le vent (le mec est buté). Finalement 300m plus loin, foutu, je m'arrête au niveau d'une zone permettant d'indiquer la hauteur du Rhône. Ça fait comme un escalier avec une graduation. Parfait pour remonter le matos sur la vélo-route. Je décharge et finis les 2km en vélo. Qu'est-ce que c'est bon d'avancer un peu !

Juste après le barrage une zone d'embarquement est présente. Le vent aussi d'ailleurs (mince).

Je déploie mon George, mange la fameuse barre de céréale et repars. En sortie de barrage il y a toujours du courant. Heureusement qu'il est assez puissant pour que ça me porte malgré ce vent. Quelques rapides sont présents sur cet aval de barrage dont un qui a failli me faire prendre l'eau. Je voulais esquiver un gros rapide mais me suis retrouvé perpendiculaire aux vagues (mauvaise idée) ce qui m'a fait dangereusement pencher sur le côté. Après cette petite frayeur je passe sous la magnifique passerelle suspendue de Rochemaure. D'ailleurs j'aperçois entre les arbres l'impressionnante forteresse de Rochemaure perchée sur sa montagne.

Ça y est j'arrive à Le Teil. Cette ville n'a pas de quai malheureusement car en fonction des lâchés de barrage la berge faite de végétation est présente ou pas. Durant cette période ce n'est qu'une dense végétation qui fait place. Comme il faut absolument de l'eau pour ce soir, je décide de braver la végétation pour me rendre sur la zone commerciale du Teil. Je m'arrête au niveau d'un pont et arrive tant bien que mal à me frayer un chemin dans les joncs et à escalader la digue en pierre. De l'autre côté de la route se trouvent plusieurs magasins. Je file à la boulangerie pour me prendre des pains aux céréales de la veille (pas de gaspillage et vu mon état je mangerais n'importe quoi) et j'en profite pour faire remplir ma gourde.

Chemin inverse pour récupérer mon embarcation qui m'attend coincée entre le pilier du pont et la végétation.

Je trouve un peu plus loin un endroit pour me poser. A peine posé le pied sur cette zone dégagée que je me fais manger par des dizaines de moustiques. Apparemment ils ont aussi faim que moi !

Je plante vite la tente et fais un feu pour repousser ces nuisibles. La fumée et la forte chaleur ne leur plaisent pas.

Content de mon achat à la boulangerie, je me mange un pain et demi. Ça me cale bien ! Je profite des braises pour me faire un thé afin de digérer.

Vivement d'être à l'horizontale, mon dos a morflé aujourd'hui au vu des grands coup de pagaie que j'ai dû faire dans cette lutte.

D'ailleurs le coquin vient de s'estomper. Sacré vent j'espère ne pas te voir demain.