Je me lève avec le bruit de la faune. De nombreux oiseaux sont présents sur cette île qui a été épargnée par l'homme. J'assiste à un concert très apaisant.

La forêt présente ici est assez dense et suit son cours de la vie sans pression extérieure. La canopée laisse que peu de rayons de soleil venir jusqu'au sol, ce qui empêche beaucoup d'autres plantes de pousser. 

Ici je ne me sens pas chez moi, chez l'homme moderne, mais plutôt chez dame nature. Ainsi je prends soin de ne pas abîmer et souiller ce fragile éco-système. Je dispatche les cendres du feu d'hier dans la forêt et recouvre le sol de feuilles et d'humus. Tout doit être comme hier soir avant que j'arrive. 

Je charge le bateau et malheureusement glisse et mets une chaussure dans l'eau, arg ! Moi qui voulais garder les pieds au sec une fois arrivé, c'est raté. Là est l'avantage d'avoir un vieux tas de tube en ferraille dans l'embarcation, ça fait office d'étendage. Je pends le tout sur mon Jojo et c'est parti !

Dès le départ le vent est présent, doux pour l'instant. Je croise les doigts.

La Saône est ici très large ! Je me sens tout petit dans ces eaux. Je navigue au plus proche de la berge.

Plus j'avance et plus le vent se lève malheureusement. Je fais quelques pauses sur la berge pour ne pas reculer avec le vent. Quelques kilomètres plus loin la pluie s'invite. Mince ! 

J'accoste, enlève mon sac du PackRaft et sort mon poncho. Je m'équipe pour ne pas trop sortir rincé de cette averse. 

Il pleut gentiment mais avec le vent ça amplifie le froid ressenti. 

A l'approche de Mâcon, la pluie redouble et le vent aussi ! Je suis rincé dans tous les sens du terme. J'avance encore un peu pour tenter de traverser cette ville mais le vent me fait faire du quasi sur place. Je redouble d'efforts et fini par accoster sur une zone de débarquement au sud du centre de Mâcon. Là je suis au bout ! 

Il est 16h, fini pour aujourd'hui. Mon corps n'en peut plus. Je peine à range tout le matériel et décide de profiter de cette ville pour acheter les quelques vivres et matériels qui me manquent. Un briquet (le premier semble un peu vide), des compresses à la pharmacie (utile pour de prochains bobos), de l'alimentation en vrac (fruits secs, céréales, chocolat et thé) et enfin un sac étanche en plus (avec la pluie annoncée ça va m'être davantage utile).

En sortant du Bio Monde où j'y ai acheté quelques vivres, je mange une bonne grosse poignée de céréales pour relancer la machine car je me sens vraiment faible.

Tout ce shopping a mis du temps et je dois absolument sortir de cette ville pour planter la tente. Je regarde sur le tracé de la velo-route où cela pourrait m'emmener. Je vois que plus au Sud, à côté de mon chemin, il y a un camping. Aller ça fait 9 jours que je bivouac à la sauvage, un peu de luxe pourra me faire du bien. Arrivée 18h50, juste avant que la réception ne ferme, me voici en train de réserver un emplacement. La personne à la réception voyant l'état critique dans lequel j'étais, m'offre l'électricité sur le campement. A défaut de recharger le bonhomme, ça rechargera les batteries. Je file au campement et plante ma tente. L'emplacement est luxueux, il y a un support à vélo, une table et un sol parfaitement plat. Ça me change. 

Je file à la douche ! Olala le grand moment de bonheur. J'en profite même pour laver mon tee-shirt qui fouette sévère. 

Afin d'être dans le luxe jusqu'à la fin, je vais au petit restaurant du camping. C'est leur dernier soir d'ouverture avant la fin de la saison, ouf ! Me voici attablé, avec une faim de loup. Je commande une bière et un burger. Le truc le plus bourratif et calorique. J'en ai besoin ! 

Comment vous dire que l'assiette est lessivée en pas longtemps. Je prendrai même une gaufre pour m'achever. 

Un régal ! Je ressors de là...plein ! Le ventre rond.

Je crois qu'aujourd'hui j'ai trouvé ma limite. Je vais tâcher de ne plus l'atteindre en prenant garde de mieux me nourrir.

On apprend tous les jours de soi, mais encore faut il s'écouter.